La pensée de l’extrême droite est basée sur une vision biologique du monde, sur la prédominance des liens du sang et de la race. La défense de la famille y est en en premier plan, une famille traditionnelle où chacun doit garder sa place. Celle de la femme est prioritairement dans le privé, pour enfanter et élever les enfants, assurer la transmission du patrimoine biologique et culturel de la nation. C’est aussi l’affirmation des « racines chrétiennes » de la France et de l’Europe qui a de nombreuses connexions avec le catholicisme traditionaliste et s’exprime fortement dans la Manif pour tous.
Le RN est directement issu de cette vision du monde. Le tournant de la « dédiabolisation » du FN/RN mené par Marine Le Pen veut faire croire que le parti a évolué. Mais les fondamentaux restent sous-jacents et ressortent sans fard dans de nombreuses circonstances. Le stage permettra de documenter et d’analyser cette question sous divers angles.
– L’histoire et l’idéologie
Le discours de l’extrême droite est fondé sur le nationalisme et l’héroïsme viril qui en est le garant. En contrepartie, la « loi naturelle » cantonne les femmes à un rôle de reproductrice et de gardienne de la maison.
Jean-Marie Le Pen se situe dans cette droite ligne : « Il est ridicule de penser que [le corps des femmes] leur appartient, il appartient au moins autant à la nature et à la nation ». Il a défendu ouvertement une politique familiariste, traditionaliste, viriliste, et a multiplié les déclarations sexistes et homophobes.
Aujourd’hui, le discours d’extrême droite présente les féministes comme des hystériques. La parité, comme une forme de racisme inversé contre les hommes. Pour Eric Zemmour, la victime aujourd’hui, c’est « l’homme blanc hétérosexuel catholique ».
– Le Rassemblement national comme le Front National
C’est une femme qui en est la cheffe, mais ce sont les liens du sang qui l’ont mise à cette place. Elle se présente comme une femme moderne et a adouci de nombreux discours sexistes ou homophobes. Elle veut faire croire à un changement radical de son parti, mais les propos et les pratiques montrent que ce n’est qu’un maquillage de surface.
A la base, toujours, « La famille est l’élément central et fondamental de la société». L’identité chrétienne doit être préservée et défendue contre l’ennemi intérieur (libéralisation des mœurs) mais surtout extérieur (l’Islam) comme le montre le programme de 2017 : « Défendre les droits des femmes : lutter contre l’islamisme qui fait reculer leurs libertés fondamentales… ». Ou encore l’intitulé du colloque organisé par la remplaçante de Marine Le Pen au parlement européen « Les vraies violences faites aux femmes. Causes affichées : mondialisme, islam, immigration, burka, racaille». Au RN, on ne se préoccupe pas de l’inégalité ou des violences domestiques. La question des femmes ne sert qu’à nourrir la lutte contre l’Islam.
Et dans les faits, les élus FN/RN ont toujours voté contre les propositions progressistes favorables aux droits des femmes.
– Opposition à l’IVG, au mariage pour tous, à la théorie du genre.
C’est un combat où se retrouve une grande partie de l’extrême droite. Le RN reste discret, mais a dénoncé une « IVG de confort » et réaffirmé que « Le libre choix pour les femmes doit pouvoir être aussi celui de ne pas avorter ». A sa droite, Marion Maréchal Le Pen, très proche des traditionalistes, veut « défendre la famille traditionnelle et naturelle » et s’oppose à « tous les délires et les fantasmes LGBT, du mariage homosexuel aux mères porteuses, en passant par la théorie du genre ». Elle est contre le remboursement de l’IVG « pour responsabiliser les femmes » et s’est opposée à l’extension du délit d’entrave à l’IVG, légitimant ainsi les activistes virulents de groupes tels que Civitas, La trêve de Dieu, SOS tout-petits, l’Alliance VITA, la CNAFC…
– En Europe.
Dans toute l’Europe, les partis nationalistes et populistes se renforcent et remettent en cause les droits des femmes et des minorités sexuelles.
Les exemples se multiplient de façon inquiétante. Pour un député européen polonais «les femmes sont plus faibles, plus petites, moins intelligentes ». La ligue italienne de Salvini fait l’éloge du « rôle naturel de la femme, pour la promotion de la vie de de la famille ». En Hongrie, Viktor Orban dénonce le « lobby féministe » et interdit les études de genre à l’université. Le parti espagnol Vox voit dans le féminisme et l’égalité femmes-hommes une atteinte à l’identité nationale et parle de « dictature des femelles » en revendiquant un «suprémacisme mâle »… Heureusement, partout les réactions sont vives, et il faut les soutenir.
La lutte pour les droits des femmes est un axe essentiel de la lutte contre l’extrême droite.
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