Le spectacle « Historock », annoncé pour le 29 avril à Orléans dans le cadre des Fêtes Jeanne d’Arc et programmé pour être joué devant des élèves sur le temps scolaire, suscite une inquiétude légitime. Bien que « Historock » n’apparaisse pas dans le programme officiel des fêtes johanniques, il bénéficie du soutien financier de la municipalité d’Orléans qui, par la voix de l’adjoint à la Culture William Chancerelle, prétend assumer et cautionner ce spectacle.
Présenté comme une « grande fresque historique » destinée aux jeunes générations « autour de notre héritage », ce spectacle s’apparente en réalité à une offensive de propagande réactionnaire de mauvais goût, très éloignée des exigences pédagogiques.
Son principal auteur et promoteur, Dimitri Casali, se pose en chantre du retour au roman national et véhicule depuis des années un discours hostile aux enseignant·e·s. Coqueluche des médias d’extrême droite, il n’hésite pas à multiplier les mensonges éhontés, ressortant les poncifs fallacieux sur un soi-disant renoncement à la chronologie, sur les inspecteurs qui s’opposeraient à l’enseignement de Jeanne d’Arc, ou encore sur l’Éducation nationale, « dernier domaine où le marxisme est encore prégnant ».
Derrière le grotesque se cache en fait une offensive réactionnaire contre l’École et contre l’étude de l’histoire. Dimitri Casali entend opérer un tri sélectif dans l’enseignement en cherchant à empêcher l’étude de certaines périodes, avec ses charges contre les « pédagogistes » qui « prêchent une lecture culpabilisante de notre histoire à travers l’esclavage ou les guerres de décolonisation ». Il dénonce également pêle-mêle « la lutte antiraciste, les droits de l’Homme, le féminisme » comme « des thèmes compassionnels et sociologiques » avec lesquels nous accablerions les élèves ! Ses déclarations sur les « manuels de Nathan et Magnard » « où l’on apprend à nos enfants la haine de la France » nous laissent également sans voix…
Dès lors, on ne s’étonnera guère de constater que son spectacle « Historock » n’est qu’une triste farce réactionnaire où la naissance de la France est associée à la naissance des cathédrales et dans lequel on chante à la gloire de « Saint Michel qui choisit une pucelle ». Le retour au roman national s’apparente surtout à un retour au catéchisme! On doutera également du soi-disant retour à la chronologie dans un spectacle qui fait naître la laïcité avec Henri IV à travers une chanson jouée dans des costumes de mousquetaires et de templiers !
SUD Éducation 45 dénonce la venue de ce spectacle réactionnaire à Orléans. Le projet porté par Dimitri Casali s’inscrit dans un contexte plus large où, depuis des années, les groupes d’extrême droite multiplient les attaques contre l’école sur fond de propagande réactionnaire et de mensonges destinés à remettre en cause l’intégrité des enseignant·e·s . Il n’est pas normal qu’un tel projet soit financé par de l’argent public et il est très inquiétant d’imaginer qu’une telle propagande puisse être montrée aux enfants dans le cadre scolaire.