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PETIT GUIDE DE SÉCURITÉ POUR LES MILITANT·ES

1 juillet 2024

Le « climat » est bien sûr différent selon les VISA locaux, mais ils nous est apparu important de faire ce point « sécurité ». En effet, selon le site Rapport de force, l’extrême droite a commis plus de 200 agressions contre des syndicalistes, que ce soit des dégradations ou tags sur les locaux, des lettres d’intimidation, des violences physiques sur des camarades ou lors de manifestations.

C’est bien sûr intolérable, il faut en avoir conscience et réfléchir ensemble à des solutions de protection..

Instrumentalisation de faits divers comme à Crépol pour Thomas, manifestations contre la mise en place d’un CADA ou d’un centre pour « mineur isolé non accompagné »… Tout devient sources de mobilisation pour ces extrêmes droites qui peuvent frapper n’importe où dorénavant sur l’ensemble du territoire. Les groupes radicaux parfois proches du mouvement des « hooligans » ont aussi l’habitude d’être très mobiles et sont capables, via des messageries cryptées, de se retrouver sur un lieu loin de leur base.

Cela nous oblige à être encore bien plus vigilants que d’habitude, avec une population malheureusement qui ne s’offusque plus de leurs exactions, des médias inféodés à leurs idées et une police trop souvent passive voire protectrice de ces groupuscules.

Ne l’oublions pas, l’extrême droite tue, elle a tué Clément Méric le 5 juin 2013, elle a tué Federico Aramburu le 19 mars 2022.

Avec une perspective de législatives 2024 et d’élection présidentielle 2027 qui pourraient être victorieuses, l’extrême droite radicale passe de plus souvent « à l’action », parfois par émulation entre les groupes, mais surtout parce que sa marque de fabrique, en France comme ailleurs, c’est la violence.

Violences contre les militant·es

Chacune de nos organisations syndicales s’est dotée à nouveau de « service d’ordre » (ou service d’autoprotection) et VISA vous invite bien sûr à suivre les formations dispensées en interne ou, si vous n’avez plus de SO, d’avoir de nouveau ce débat en interne dans votre organisation syndicale. La sécurité est l’affaire de tous et de toutes et nous devons nous réapproprier des réflexes élémentaires lors de nos interventions que ce soit une manifestation, un rassemblement et ou une conférence / débat.

Les protections contre les violences de l’extrême droite doivent tenir compte de nouveautés, notamment avec l’utilisation des réseaux sociaux. En effet, aux risques des menaces physiques viennent s’ajouter les cyber-harcèlements, les menaces de mort, les divulgations d’informations personnelles, etc. Ceci peut concerner un ou une camarade, mais peut aussi s’étendre à des menaces sur les proches. L’une des solutions est la mise en place d’un « porte-parolat » (des camarades, un groupe de camarades) charger de communiquer et d’être les visages locaux de la lutte contre l’extrême droite. C’est donc un débat à avoir au sein de votre organisation syndicale et avec vos proches avant de prendre cette responsabilité qui, à un moment, pourrait être lourde.

Nos visages, nos noms sont connus et il est assez facile via une recherche Internet de trouver l’ensemble de nos coordonnées (téléphone fixe, adresse)  ; Il en va de même pour tous nos locaux syndicaux.

Malheureusement, nous l’avons vu, même s’il y a plusieurs « portes paroles », cela peut-être un militant qui est ciblé. Les mesures de protection que vous mettrez en place le sont pour tous et toutes et il faut réfléchir à des menaces concrètes :

Par exemple, l’extrême droite colle en bas de chez moi, collectivement nous faisons quoi ?

Je reçois des messages de menaces en provenance de réseaux sociaux, nous faisons quoi ?

La réponse doit être unitaire et collective.

À la marge, on trouve dorénavant des complotistes, confusionnistes, survivalistes et autres antivaccins qui peuvent aussi cibler nos organisations, confirmant ainsi leur idéologie d’extrême droite.

Violence par les procès

Une autre point de protection est la nécessaire judiciarisation de la lutte contre l’extrême droite et avoir des liens avec un·e avocat·e militant·e devient obligatoire.

Prendre contact avec le SAF local (Syndicat des Avocats de France) ou la Ligue des Droits de l’Homme (locale ou nationale).

Nos mobilisations sont souvent légales, déclarées mais il peut être utile de faire un « référé liberté » pour maintenir une mobilisation, mais aussi être présent en cas d’interpellation ou d’un « procès bâillon » (l’extrême droite utilise aussi le droit de la presse pour empêcher la diffusion d’un tract, d’un article). Cela permet aussi de pouvoir offrir à nos camarades et sympathisant.es une aide juridique en cas d’interpellation.

Nous vous rappelons l’existence du guide du manifestant arrêté réactualisé tous les ans par le Syndicat de la Magistrature Le guide du manifestant arrêté, mis à jour ! (syndicat-magistrature.fr)

Le coté judiciaire est aussi présent dans le code du travail : les Articles L1132-1 à L1132-4 sur les discriminations, que ce soit lors d’un recrutement, d’un stage ou en poste. Les idées d’extrême droite n’ont pas lieu d’être sur un lieu de travail.

La loi condamne le négationnisme, le racisme, l’antisémitisme et les discriminations (26 critères).

On est bien sûr libre de ses idées mais une fois prononcées ou écrites, même sur un média social, elles deviennent « publiques ». Ce sont alors des délits punissables, à nous aussi de nous saisir de cette arme légale. 

Même s’il est parfois difficile de « porter plainte », il est juridiquement possible de le faire dans n’importe quel commissariat ou en gendarmerie, pas besoin forcément d’aller dans votre ville si vous avez des « doutes » sur les policiers. Juridiquement, il n’y a ni d’antifasciste, ni de militants d’extrême droite. Les violences, harcèlements et insultes sont gérés comme des plaintes normales entre personnes et soumis à l’article 122-5 du code pénal en cas de « légitime défense » pour des violences.

Il est aussi possible pour déposer une plainte d’écrire directement au procureur de la république afin qu’il se saisisse de l’affaire sans passer par un commissariat, mais même chose, il est préférable d’être aidé par un avocat.

Violence du mensonge

L’extrême droite est aussi présente dans les médias, bien sûr des médias traditionnels, mais aussi via une multitude de personnes devenues « journalistes » mais qui ne détiennent pas de carte de presse et qui ne sont pas de notre bord.

Alors, évitons les interviews, car si vous avez opté pour le système des « portes paroles », c’est à eux de répondre et de vérifier la pertinence du média.

Une image, un film peuvent être coupés et repris. Vous disposez de toutes façons de votre « droit à l’image » et vous ne pouvez être filmé sans votre consentement.

L’extrême droite radicale vient parfois dans nos manifestations, à la fois pour se donner un coté faussement « populaire » et pour critiquer les syndicats.

Mais cela peut être aussi l’occasion pour elle, même si c’est illégal, de réaliser un « fichage » de nos militants (seules les forces de l’ordre ont le droit de ficher les citoyen.nes).

Une autre forme de la violence est utilisée par l’extrême droite, c’est la rumeur.

Attendez-vous à être dénigré et calomnié ; l’extrême droite réalise aussi des « récits » via ses médias et il est très difficile de combattre ce style de diffusion de mensonges. La plupart des médias traditionnels ont désormais leur fact checking, mais vous pouvez aussi consulter la page et le site de nos camarades des Debunkers de hoax – Analyse du complotisme et de l’extrême droite

Connaître son ennemi

L’extrême droite est multiple. Aux côtés du FN / RN, il y a Reconquête qui joue le jeu des institutions démocratiques. Il y a aussi une foultitude de groupes, de groupuscules, parfois d’individus. Consultez le site de la horde et son  Schéma de l’extrême droite française [mise à jour juin 2024] – La Horde

Il est important de les identifier, de connaître les figures locales… comme nos syndicats, eux aussi ont des pages, des comptes sur les réseaux sociaux, parfois des locaux ; maintenir une « veille informationnelle » sur eux est importante.