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Les syndicats de journalistes dénoncent l’attrait du patron d’Ebra pour l’extrême droite

17 février 2025

SNJ : Le patron du groupe de presse Ebra « like » l’extrême-droite

Un petit coup de pouce à un ardent défenseur de l’extrême droite ? En “likant” le post de “Renouveau Patriote” sur Linkedin, le PDG du groupe EBRA, Philippe Carli, semble afficher une certaine accointance avec celui qui administre ce compte. 

Un certain Marc Guyon, qui inonde ses réseaux sociaux de publications favorables à Eric Zemmour et à Donald Trump, et qui a dernièrement publié une vidéo odieuse sur le classement “des pays les plus consanguins”. Cet homme, qui se proclame favorable à “l’union des droites, des patriotes, des souverainistes et des indépendants”, s’est présenté aux dernières sénatoriales, dans la circonscription des Français établis hors de France, en recueillant moins de 1 % des suffrages.

Est-ce là le seul “like” sur Linkedin de notre patron, dont le profil mentionne clairement qu’il est le “président de la Société Investissement Média (EBRA) chez Crédit Mutuel” ? Que nenni, car il apprécie manifestement aussi les publications de Sarah Knafo, députée européenne Reconquête, et d’autres prises de positions chantant les louanges de la politique de Viktor Orban ou réclamant plus de fermeté contre les étrangers.

Qu’un patron témoigne de ses opinions avec ses “like”, sur un réseau social ouvert à la consultation publique de tous ses membres, pourquoi pas ? D’autres que lui ne s’en privent pas. Mais qu’il le fasse en tant que dirigeant du plus grand groupe de presse quotidienne régionale de France est, pour le SNJ, bien plus problématique, dans la mesure où sa notoriété et ses responsabilités engagent indéniablement les rédactions, dont les lignes éditoriales sont réputées être indépendantes et apolitiques.

Dans l’hypothèse où ce compte professionnel puisse être ou avoir été piraté, ou utilisé par une tierce personne identifiée, le SNJ exige de Philippe Carli qu’il s’en explique en toute transparence.

Le SNJ rappelle à notre direction que l’image, la fiabilité et l’impartialité des contenus diffusés dans nos titres contribuent à maintenir le lien de confiance que nous nous efforçons de tisser avec notre lectorat. Elles ne sont ni un jouet, ni un instrument politique, ni un terrain d’expérimentations hasardeuses, comme elle vient par ailleurs de le démontrer en se ridiculisant à travers une calamiteuse campagne de communication impliquant des influenceurs. Nos lecteurs attendent de nos rédactions qu’elles soient indépendantes, rigoureuses et entièrement tournées vers la mission qui est la nôtre : informer.

SNJ CGT : Carli et Ebra : à fond la « trumpisation » !

Depuis le 20 janvier et l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux Etats-Unis, le groupe Ebra (1) semble vouloir faire tomber les barrières. Désormais, toutes les outrances sont permises !

En pleine tornade électorale française en juin dernier, un éditorial du coordinateur des rédactions avait déjà éveillé les soupçons des rédactions du groupe, en évoquant un Rassemblement national «incontournable», «que de nombreux Français considèrent désormais tout aussi républicain qu’eux » face à « un rassemblement des forces les plus hétéroclites », « remix d’un vieux tube du passé ».

Lundi donc, Ebra est passé à la vitesse supérieure. Il y a eu cette story hallucinante publiée sur le compte Instagram du Progrès. Commandée à une influenceuse issue de la téléréalité, elle vise à promouvoir le groupe Ebra, à coups de jeux de jambes et de performances de gymnaste, grand écart à l’envers sur un banc public, un journal entre les gambettes.

L’image est dévastatrice. Elle a fait faire un bond en arrière de plusieurs décennies à l’image des titres d’Ebra. On aurait pu penser que l’utilisation du corps sexualisé d’une jeune femme pour vanter un produit ou le faire connaître n’était plus réservée qu’à quelques magazines douteux… Mais non, le groupe Ebra a jeté aux oubliettes des années de lutte contre le sexisme, aussi facilement qu’Elon Musk a levé le bras au Capitole.

Et voilà que Philippe Carli, président du groupe Ebra, dégaine des « like » sur le réseau professionnel LinkedIn, pour faire la promotion… des très extrême-droitards de Renouveau Patriote. Histoire de montrer, par exemple, sa joie face à la participation de Marion Maréchal à la fameuse cérémonie d’investiture américaine.

Le SNJ-CGT demande à Philippe Carli de s’expliquer et réaffirme les principes éditoriaux du groupe Ebra : lutte contre le racisme, les discriminations, le sexisme… pour que les journalistes du groupe puissent savoir où et pour qui ils travaillent. Philippe Carli n’a pas à embarquer les titres Ebra dans son coming-out nauséabond.

Montreuil, le 23 janvier 2025.