vigilance et initiatives syndicales antifascistes
logo VISA

DEBUNKER DE HOAX : Torre Pacheco : émeutes racistes et fake news

15 août 2025

Torre Pacheco concentre les attentions. Cette petite ville du sud-est de l’Espagne, où vivent 40 000 âmes, est scruté à la loupe par les identitaires européens. 

Reprenons depuis le début.

Le mercredi 9 juillet 2025, Domingo Tomas Martinez, 68 ans, sort se promener à la fraîche. Il est agressé par trois jeunes hommes qu’il identifie comme marocains. La raison est floue, une agression n’est jamais gratuite, mais M. Martinez n’évoque pas de motivation raciale. Pourtant, et très rapidement, l’affaire est montée en épingle. Et dès le vendredi soir, la ville est secouée d’émeutes sous forme de chasse à l’immigré, ce qu’on appelle en France, des ratonnades. 

Les dessous de cette affaire sont tragiquement familiers : extrême droite et réseaux sociaux amplifient un discours xénophobe, raciste, obsédé par l’islam et les arabes (cette confusion entre maghrébin ou arabe et islamisme est le rouage de l’islamophobie). La désinformation vient alimenter un monstre qui n’est jamais rassasié : la « colère populaire » fétichisée par notre fachosphère française mais aussi européenne. 

Le cas Torre Pacheco

L’immigration est la marotte des extrêmes droites, une obsession antédiluvienne, l’autre, l’étranger, la différence. Cette différence représenterait un danger permanent. La clé est d’essentialiser l’étranger, jusqu’à le déshumaniser. Un immigré (ou perçu comme tel) agresse quelqu’un, alors « tous les étrangers sont des agresseurs ». Un syllogisme qui repose sur l’idée que la violence n’est pas produite par toute société, mais uniquement par les autres. C’est le cas en France, mais aussi en Espagne où il existe un racisme ancré profondément, pour des raisons historiques. L’obsession de l’islam dans ces discours invoque autant la Reconquista du moyen âge que le terrorisme contemporain.

Et justement, en Espagne, la première communauté immigrée sont les marocains, qui servent de main d’œuvre peu chère pour l’agriculture, notamment à Torre Pacheco qui vit de cela. Le développement de cette économie a entraîné une augmentation de l’immigration ces dernières décennies dans le pays. Et ça fait de la péninsule ibérique un pays avec une croissance positive ; pas banal ces derniers temps en Europe.

L’extrême droite n’attendait que cela

Cette même Espagne n’est pas épargnée par la montée des extrêmes droites : Vox se veut le parti porte-étendard tout en essayant de nouer des alliances avec le PP (l’équivalent de nos LR).

Le parti d’extrême droite Vox distille ses thèses xénophobes
Des photos du retraité ont été accompagnées de listes de noms de faux coupables. Des vidéos violentes sans relation avec l’agression ont été diffusées massivement. Et des appels à la « chasse » aux immigrés ont été lancés sur la messagerie cryptée Telegram par un mouvement baptisé « Deport them now » (Déportez-les maintenant). Son responsable a été arrêté, lundi, dans la province de Barcelone pour incitation à la violence. « Ils attaquent nos grands-parents, c’est fini notre bienveillance naïve. Nous allons mettre de l’ordre », avait entre-temps repris le patron des brigades antisquatteurs de l’entreprise Desokupa et influenceur ultra, Dani Esteve, qui compte quelque 300 000 abonnés sur X et autant sur Instagram, appelant à former des « patrouilles de voisinage ». Le mouvement brun-rouge du Front ouvrier s’est joint à lui.

Quant au parti d’extrême droite Vox, troisième force politique en Espagne et dans la région, il n’a pas tardé à récupérer politiquement la colère provoquée par l’agression, en distillant ses thèses de plus en plus ouvertement xénophobes, sous l’influence du trumpisme. « Les deux grands partis ont promu l’invasion. Ils ont ouvert les frontières. Toute la violence, les agressions, les viols… ont les mêmes responsables : PP et PSOE [Parti socialiste]. Nous voulons récupérer la paix et la sécurité », a réagi le président du mouvement dans la région de Murcie, José Angel Antelo, qui prône des déportations massives de tous les immigrés en situation irrégulière ou qui « ne s’adaptent pas » aux us et coutumes espagnols. Le parquet a ouvert une enquête à son encontre pour un possible délit d’incitation à la haine raciale.
Le Monde – Dans la ville espagnole de Torre-Pacheco, après l’agression d’un retraité, l’extrême droite attise la violence raciste

Lien vers le site