
Introduction
Vincent Bolloré, l’une des plus importantes fortunes françaises, à la tête d’un important groupe qui englobe le secteur de médias, de la communication et des industries culturelles, s’est lancé dans une croisade politique au service de l’extrême-droite et de ses idées. À l’oeuvre depuis un certain temps déjà dans la sphère médiatique à travers Cnews, Europe 1 et le Journal du Dimanche (JDD), cette campagne implique désormais aussi le monde de l’édition (Fayard), et Vincent Bolloré et certaines des sociétés qu’il contrôle ne craignent plus d’intervenir directement dans les campagnes électorales.
Le débat se focalise surtout sur la figure controversée de Vincent Bolloré lui-même et ses idées politiques. L’objectif de cette publication est de montrer ce qui a rendu Vincent Bolloré possible, et ce qui continue à le rendre possible : le système derrière l’individu. Rien ne dit que les choses vont changer lorsqu’il sera contraint de laisser un jour réellement le pouvoir à ses enfants. Sa garde rapprochée et ses alliés resteront les mêmes. Et le système qui a rendu tout cela possible restera également le même.
En mettant à nu la réalité du système Bolloré, nous sommes amenés à casser nombre des mythes que lui et ses alliés aiment à entretenir. Ainsi, contrairement à l’image qu’il cherche à se construire, la fortune de Vincent Bolloré et de sa famille n’a pas son origine dans le développement d’une entreprise industrielle solidement implantée dans son territoire et axée sur le long terme. Elle provient surtout de coups boursiers et de la captation de rentes, notamment en Afrique.
L’empire Bolloré n’a cessé de se composer et de se décomposer au gré des opportunités et de batailles financières gagnées ou perdues. D’un point de vue financier et juridique, son centre de gravité n’est pas du tout la Bretagne, mais le Luxembourg. Le groupe Bolloré n’a pas quitté l’Afrique, comme ses dirigeants l’ont parfois laissé entendre, mais continue à y investir dans le domaine de la culture et de la communication.
Il ne gagne pas à tous les coups, comme le voudrait une certaine mythologie qui continue à séduire une partie du monde financier, mais sa carrière est émaillée de scandales, de défaites, d’affaires judiciaires. Il ne doit pas sa fortune seulement à lui-même mais au soutien du monde des affaires, à commencer par celui des grandes banques, et à celui des politiques et des pouvoirs publics sous diverses formes. Et ainsi de suite.
Parmi les nombreuses questions auxquelles répond ce rapport, il y a celle-ci : peut-on séparer l’individu Vincent Bolloré et ses agissements du groupe qu’il contrôle directement et indirectement ? Autrement dit, peut-on continuer à traiter les diverses entités qui composent ce groupe – même lorsqu’elles ne sont pas ouvertement mises au service de l’extrême-droite – en faisant totalement abstraction des idées et du combat politique du milliardaire qui est derrière elles ?
La réponse à notre sens est non :
Il est donc plus que temps de mettre fin à la tolérance et au soutien dont le système Bolloré continue de bénéficier dans une large partie du monde des affaires et des sphères culturelles et politiques.